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| Recits - Anecdotes le Koyrédjé

Le korandjé en question

Chaif Imèn  Doctorante en didactique du FLE

Laboratoire: Dynalimed

Université : Abou Bakr Belkaid Tlemcen/ Algérie

Adresse électronique: chaif_imane2012@hotmail.fr

Résumé:

L’objectif de notre contribution est de s’interroger sur l’impact d’une meilleure prise en compte du contact de langues sur la constitution d’une langue inconnue. Autrement dit, est ce

que l’usage des différentes langues sert à l’apparition ou à la disparition d’une langue inconnue ?

Nous avons opté sur le choix de la région de TABELBALA à BECHAR (ALGERIE), où la langue parlée est: le Korandjé1

. C’est une langue de communication sans statut officiel. Elle est influencée par le Berbère et l’Arabe. Ce n’est ni du Tamazigh, di du Zénatia, ni de l’Arabe.

Donc, l’aménagement du parler Tabelbala est donc plus qu’une nécessité. En revanche, son succès dépend essentiellement du choix de la démarche méthodologique à suivre. Il est donc indispensable d’ouvrir une réflexion sur son contenu linguistique et bien sur son contenu culturel.

Mots clés:

Langue inconnue / aménagement linguistique / contact des langues/ les dialectes / le Korandjé.

1 Un dialecte inconnu de la région de Tabelbala à Béchar (sud-ouest algérien)

Introduction :

Nous voudrions commencer notre réflexion par cette citation

du poète Adrien Finck « Elle n’était pas la langue de l’école. Je ne l’ai pas apprise, elle me fut donnée comme la vie, langue de l’enfance et du pays. Elle est infaillible en moi, je suis infaillible en elle.........elle n’est pas ma langue de travail, du discours de chaque jour....elle est ma langue de

plaisir»

2 Cette citation a attiré notre attention puisqu’elle résume bien le rapport que nous entretenons avec notre langue maternelle, dialecte appartenant à une famille particulier, qui nous a été transmis d’une génération à une autre, par nos parents, nos grands-parents et surtout notre arrière-grand-mère, aux côtés de laquelle nous avons passé une partie de notre enfance.

Nous tenons dans notre intervention à opter sur le choix de la région de Tabelbala à Béchar

(Algérie), où la langue parlée est : le Korandjé. C’est une langue de communication sans statut officiel. Elle est influencée par le Berbère et l’Arabe. Ce n’est ni du Tamazigh, ni du Zénata, ni de l’Arabe.

Selon JACQUES RUFFIE: « une langue n’aura le statut de langue vivante, que si elle assume son rôle dans la communication quotidienne et la diffusion de savoir scientifique»

3 L’objectif de notre contribution est double, il s’agit d’une part de s’interroger sur l’impact d’une meilleure prise en compte du contact de langue sur la constitution d’une langue inconnue et d’une part de savoir si l’usage des différentes langues sert à l’apparition d’une langue inconnue ? C’est donc à ces questions, que cette communication souhaite apporter des éléments de réponses.

A cet égard, nous nous sommes intéressés à présenter brièvement la situation géographique de l’Oasis de Tabelbala. Comme cela, nous aurons une idée claire sur la vie des Belbalis

 

La situation géographique de Tebelbala:

Tebelbala s’agit d’une petite oasis du sahara et véritable paradis terrestre niché dans une mer de sable, elle se trouve à quelque 1400 Km au sud-ouest d’Alger où elle fait la frontière avec le Maroc et à 150 Km de la vallée de la soura dont elle est séparée par l’Erg Errawi. La ville s’étend dans une palmeraie de 12 Kilomètres de long et de 200 mètres de large dans ses parties les plus fournies qui est elle-même enserré entre l’Erg Errawi et Djebel Kahal. Elle est constituée par plusieurs petits villages et est composée de deux ksars, Sidi Zekri à l’Est et Ksar cherai à l’ouest. On peut aussi y trouver des pierres tombales vielles de 7 siècles et d’anciens tombaux géants.

Tabelbala est le carrefour de très nombreuses pistes chamelières qui ont desservi depuis une époque lointaine, difficile à préciser, le Dra et le Taflilet d’une part et le Soudan et Tombouctou d’autre part.  Ce qui frappe dans le cas de Tabelbala est la coexistence pacifique entre ces diverses langues, cultures et ethnies mais surtout l’étonnante communauté du destin de ces populations, issues d’horizons divers, unies par une langue qui semble constituer une synthèse de leurs différents idiomes d’origine.  La présence d’une langue songhay septentrionale aussi loin de son lieu d’origine reste mystérieuse, mais c’est probablement un résultat de l’expansion du commerce entre Tomvouctou et Sijilmassa autour du XIIIème siècle, qui aurait développé une agriculture dans les oasis situés sur cette route pour nourrir les voyageurs. C’est probablement de cette époque que datent les quelques emprunt que le Korandjé doit un parler Berbère très proche au Zénaga de Mauritanie. Aux siècles suivants Tebalbala a connu une certaine croissance, et un savant bien connu pour ses fatwas sur l’esclavage, Sidi Makhlouf Ben Ali (mort après 1533) y a vu le jour. Après la chute du commerce au XVI ème siècle, le rôle de l’oasis a diminué, mais ceux qui y ont resté ont continué à parler le Korandjé jusqu’à aujourd’hui, et elle est même devenue la langue maternelle d’un grand nombre de familles arabes et berbères. Ce que nous trouvons intéressant, c’est la langue qui relie les balbalais, autrement dit, le Korandjé.

 

 

Le korandjé est la plus isolée et la plus septentrionale des langues songhaï septentrionales Selon Robert Nicolaï, le songhaï se compose de deux groupes distincts de dialectes : (songhaï méridional et songhaï septentrional. ). Le Korandjé est parlée par près de mille personnes autour de l’oasis de Tebalbala. Elle signifie « la langue du village». Kora qui signifie tout lieu ou s’installent les gens quel que soit un village, ville ..... Djié signifie le parler : langage

Cette langue est fortement influencée par le Berbère et l’Arabe. Selon Lacroix, 40% de son vocabulaire est songhai et 30% issu de l’Arabe et du Berbère. Par la suite, nous tenons dans notre intervention la dimension ethnographique. Nous la considérons essentiels pour éclairer d’où vient ces belbalais ?

La dimension ethnographique de Tebelbala:

Selon ses traditions, les belbalais sont d’origine très diverses entre arabes, berbères, d’Afrique noire.............ils sont tous musulmans, et l’ancienneté de leur croyance est confirmé par le fait qu’un grand nombre de termes religieux sont des emprunts berbères par exemple:

Comme les autres habitants des oasis de la région, ils sont des agricultures sédentaires qui cultivent surtout le palmier-dattier, souvent irrigué par des longs canaux souterrains, et ils habitent dans les villages forfiés, les ksars, jusqu’au milieu XXème siècle. Auparavant ils ont aussi pratiqué la chasse, notamment des autruches et des gazelles. Champault en 1969 a rédigé une ethnographie de Tabelbala.

Après avoir eu une idée sur la situation géographique de Tabelbala et le statut du Korandjé, nous allons aborder notre problématique. Alors,  est-ce que l’usage des différentes langues (la langue arabe et le Berbère) sert à l’apparition d’une langue inconnue (le Korandjé)?

Afin de répondre à notre questionnement, il est nécessaire de mettre la lumière sur certains aspects langagiers, le côté linguistique (le vocabulaire et la phonétique et la syntaxe....).

L’aspect phonétique:

 

Le Korandjé a subi des grands changements phonétiques par rapport au songhay originel, notamment la perte de ton, qui a créé beaucoup d’homophones, l’emprunt des pharyngales et emphatiques, la perte de R au fin de la syllabe, qui a transformé le système vocalique, et le  changement de L en R.

Le korandjé est très profondément influencé par le berbère et l’arabe, les mots les plus fondamentaux sont d’origine songhay, mais la plupart des mots ne sont pas. Par exemple seul les nombres de 1 à 3 d’origine songhay ( affu, inka, inza), tout le reste vient de l’arabe (rabaa,khamssa, setta...).

Les couleurs :

Noir ---------------------------------------------bibey

Blanc---------------------------------------------kwarey

Rouge-------------------------------------------tsirey

Ils sont d’origine songhay,

Jaune---------------------------------------------------------------------yara

Bleu--------------------------------------------------------------------zegzeg

Gris --------------------------------------------------------------------geudra

Sont d’origine berbère

Vert ---------------------------------------------------------------------laxdar

Henné-------------------------------------------------------------------hennawi

Ils sont d’origine arabe.

Le  خ KH que l’on trouve dans la langue arabe et le Berbère n’existe pas dans le dialecte

Belbalais que des mots empruntés à l’Arabe comme par exemple

:

Cheikh ----------------------------chef de tribu

Khlas------------------------------c’est tout, c’est fini

Iekhdem---------------------------------il travaille

Kherif------------------------------------l’automne

La lettre   ع      ain, ne garde jamais le son guttural et grasseyant qu’elle a en arabe et en Berbère.

Elle se prononce à peine comme un a allongé. Nous l’avons représentée en surmontant la lettre a d’un trait ou d’un accent circonflexe.

La consomme arabe  غ raine, qui n’existe aussi que dans dialecte de tebelbala, a été représenté

par un R.

Quelque exemple:

yəskʊn est un emprunt arabe, qui veut dire : habiter

tsạrga est un emprunt berbère qui veut dire ; canal

L’aspect syntaxique:

Les pluriels berbères et arabes sont retenus et quelquefois même étendus aux mots d’origine songhay. Par exemple:

tsạrə̣w qui veut dire cuillère

tsirawən Qui veut dire cuillères

Et le factitif arabe est productif pour les emprunts arabes:

yəxwa Qui veut dire être vide

xəwwa qui veut dire vider

Ainsi, pour former le féminin en ce qui concerne les personnes, on fait précéder ce pronom du mot «oui», quand il s’agit d’une femme, on obtient, «ouir’ou» et quand il s’agit d’un homme, on dit « ar r’ou».

Quant au pronom relatif «qui » n’existe pas dans le dialecte de Tebalbala. Parfois, pour insister sur le sujet de la proposition, on emploi le pronom démonstratif qui parait alors signifier «celui qui» .

 

Prenons cet exemple:

L’homme qui travaille, ar r’bakhdem our’ou.

Celui-ci ----------------------------------------our’ou

En outre, le pronom interrogatif se rend par thour’ou ou thour’a :

Qui est dans la maison ----------------------------------thour’abaga

Comment s’appelle ton fils-----------------------------------thour enniz emma

Mon fils s’appelle slimane----------------------------anzi emma slimane.

Reste que le temps des verbes, il parait exister trois temps principaux seulement, comme enberbère et en arabe parlé:

L’impératif et le prétérit (pour le passé et le présent) et l’aoriste ( pour le futur). La forme la plus simple est celle de l’impératif.Tel le cas du verbe «

dormir»

:

Dors-------------------------------------------------------------zani

Dormez---------------------------------------------------------ouzani

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